Définition de ABJECT, ECTE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ab-jè-kt' ou ab-jè, au fém. abjè-kt'

DÉFINITIONS

1
Qui est rejeté et digne de l'être ; et, par conséquent, vil, méprisable. Les âmes abjectes. Il est d'une naissance abjecte.
Tout ce qu'il y a de grand et tout ce qu'il y a d'abject
de Blaise PASCAL dans Édit. Cous.
A peine peuvent-ils souffrir que l'Église soit dans l'éclat où elle est maintenant ; ils voudraient qu'elle fût aussi dépendante des puissances temporelles, aussi pauvre et aussi abjecte qu'elle l'était du temps des premiers Césars
de Louis BOURDALOUE dans Sermons pour les dimanches, t. IV, p. 233
Un sauveur pauvre, un sauveur abject et humilié, un sauveur souffrant et pénitent
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. III, p. 232
Et moi, tout méprisable, tout néant que je suis, vile et abjecte créature
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. II, p. 12
Le reconnaître, malgré son état pauvre et abject, pour le Dieu et le souverain maître de l'univers
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. III, p. 244
Le sang le plus abject vous était précieux
De quoi peut satisfaire un coeur si généreux Le sang abject et vil de ces deux malheureux ?
Un choix abject
Et dans les plus bas rangs les noms les plus abjects Ont voulu s'ennoblir par de si hauts projets
[Elle] ne prendra jamais un coeur assez abject Pour se laisser réduire à l'hymen d'un sujet
Rang abject
de Pierre CORNEILLE dans ib. II, 1
Exemple abject
Esclave abject
Fortune abjecte
Au contraire, cet autre, abject en son langage, Fait parler les bergers comme on parle au village
J'avoue que la modestie des ministres et des pasteurs de l'Église ne doit avoir rien d'abject et de méprisable
de Jean-Baptiste MASSILLON dans t. X, p. 298
Le mot esclave ne se présente à notre esprit qu'avec des idées abjectes
de Denis DIDEROT dans Ess. sur Richardson.

REMARQUE

1
1. Il se met après son substantif ; dans quelques circonstances on peut le placer avant, mais surtout avec des noms féminins : abjecte naissance, abjecte créature.
2
2. La prononciation de ce mot est incertaine. Plusieurs prononcent ab-jè-kt', et de même au pluriel ; d'autres ne font pas sentir le c, et disent abjè, comme dans sujet ; mais au féminin, ab-jé-kt'. Le fait est que dans le XVIIe siècle Corneille a fait rimer abject avec sujet et projet (voy. les exemples), ne prononçant pas le c. Je crois que c'est en effet la meilleure prononciation, et qu'il faut prononcer abject au masculin singulier ou pluriel comme on prononce sujet et projet, qui d'ailleurs sont composés de même ; et si la langue avait été conséquente, le c aurait disparu d'abject comme il a disparu des mots précités. On pourrait ainsi formuler la règle : quand la voix pourra s'arrêter sur abject, on ne fera entendre ni le c ni le t : un homme abject, prononcez abjè ; mais quand la voix ne s'y arrêtera pas, on fera sentir le c et le t : et dans ce vers de Boileau, Au contraire cet autre abject en son langage, on dira : ab-jè-kt en son langage. L'intervention de l'Académie pour décider ce cas de prononciation serait nécessaire.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
N'y ayant si pauvre, vil et abjet, criminel et prisonnier à qui cette permission [de faire l'aumône] soit jamais par aucune loi refusée
de MARIE STUART dans Lettre du 15 mai 1585

ÉTYMOLOGIE

1
Abjectus, de abjicere, rejeter, de ab, marquant éloignement, et jicere pour jacere, jeter (voy. ce mot).