Définition de ABANDONNÉMENT

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-ban-do-ne-man

DÉFINITIONS

1
Remise à.... L'abandonnement des plus chers intérêts entre les mains d'un ami.
On prendra soin d'entretenir les malades dans un saint abandonnement à la Providence
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Règle.
Son abandonnement à la Providence de Dieu
de Esprit FLÉCHIER dans Serm. I, 121
2
Cession. L'abandonnement de ses biens à ses créanciers. On dit plutôt aujourd'hui abandon.
Abandonnement que je lui ferai de tout ce que j'ai de biens
de Paul PELLISSON dans II, 115
3
Action d'abandonner ; état d'une personne abandonnée. Dans l'abandonnement où il est de tous ses amis.
Ne tenir nul compte du triste abandonnement où votre inflexible roideur le précipite
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 129
L'entier abandonnement de sa personne entre les mains de ses supérieurs pour sa laisser conduire selon leur gré et selon leurs vues
de Louis BOURDALOUE dans ib. p. 367
On me fait les offres les plus engageantes ; et, si je les rejette, me voilà dans le dernier abandonnement et dans la dernière misère
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. I, p. 19
Vous devriez vous attendre, de la part du ciel, à un funeste abandonnement
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. II, p. 461
L'abandonnement le plus général qui me réduirait dans la dernière misère
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. I, p. 291
L'abandonnement où sont tous ceux qui manquent de fortune
de LA MOTHE LE VAYER dans p. 315
Dans l'abandonnement où je me suis trouvée
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Scapin, III, 9
Cet abandonnement de sa propre cause
de Louis BOURDALOUE dans Carême, III, Passion, 181
Il tombe dans un affreux abandonnement de la part de Dieu
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. III, p. 361
L'abandonnement des pauvres
de Esprit FLÉCHIER dans Serm. I, 112
Dans l'abandonnement et la disette
de Esprit FLÉCHIER dans I, 183
La reine l'avait aimée [la duchesse de Marlborough] avec une tendresse qui allait jusqu'à la soumission et à l'abandonnement de toute volonté
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans S. de L. XIV, chap. 22
4
Action de se laisser aller avec trop de facilité. L'entier abandonnement de ce prince a d'indignes favoris. Votre abandonnement à une passion funeste.
Votre abandonnement à d'infâmes passions qui corrompent le sang
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Jenni, 9
5
Pris absolument. Déréglement excessif dans la conduite, dans les moeurs. Vivre dans le dernier abandonnement.
Le funeste abandonnement où il vit
de Louis BOURDALOUE dans Domin. IV, Désir et dégoût, 380
Tant d'emportements honteux ! tant de faiblesse et d'abandonnement ! lui qui s'était piqué de raison, d'élévation, de fierté devant les hommes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Mort du pécheur.
Quand il s'agit de retourner à votre Dieu et de réparer une vie entière de corruption et d'abandonnement
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Pécheresse.
Ce degré d'abandonnement qui fait les âmes égarées et criminelles
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Tiédeur.
Un abandonnement qui ne connaît plus ni règle, ni pudeur, ni bienséance
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Paraph. Psaume 13
Votre coeur que vous avez prostitué avec tant d'abandonnement aux créatures
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Psaume 14

SYNONYME

1
1° ABANDON, ABANDONNEMENT. L'idée commune est qu'on laisse une personne ou une chose, qu'une personne ou une chose demeure laissée. Abandon est plus souvent passif et exprime l'état d'une chose ou d'une personne délaissée ; abandonnement est plus souvent actif et exprime qu'on délaisse une personne ou une chose. Mais, dans le fait, ces deux mots se prennent souvent l'un pour l'autre, et tous deux ont le sens passif ou le sens actif. Cela est laissé à l'écrivain ; pourtant on remarque que abandon, ne provenant pas d'un verbe, indique quelque chose d'absolu et de vague, et abandonnement, provenant d'un verbe, quelque chose de relatif et de plus déterminé. Au fond la nuance est que abandonnement a de soi l'idée d'un fait, d'un acte, et que abandon ne l'a pas ; les deux mots peuvent, il est vrai, s'employer l'un pour l'autre, l'usage le permet. Mais la pensée quand elle sera précise, et le langage quand il sera délicat, tâcheront de tenir compte de la nuance.
2
2° ABANDONNEMENT, ABDICATION, RENONCIATION, DÉMISSION, DÉSISTEMENT. On fait un abandonnement de ses biens, une abdication de sa dignité et de son pouvoir, une renonciation à ses droits et à ses prétentions, une démission de ses charges, emplois et bénéfices, et l'on donne un désistement de ses poursuites. Il ne faut abandonner que ce qu'on ne saurait retenir, abdiquer que lorsqu'on n'est plus en état de gouverner, renoncer que pour avoir quelque chose de meilleur, se démettre que quand il n'est plus permis de remplir ses devoirs avec honneur, et se désister que lorsque les poursuites sont injustes ou inutiles ou plus fatigantes qu'avantageuses, GIRARD.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Ses escus ert [était] moult renommés ; Despit de mort estoit nommés ; Bordés fu d'abandonnement à tous perils...
dans la Rose, 15743
2
XVe s.
Au mois de janvier fut publié parmi Paris l'abandonnement de toutes gens d'armes qui seroient trouvés sur les champs
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans 1415

ÉTYMOLOGIE

1
Abandonner ; ital. abbandonamento.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
ABANDONNEMENT. Ajoutez :
2
Sémantique : En termes de partage de biens, attribution à une personne d'une ou plusieurs parties possédées indivisément.