Définition de ÊTRE

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : ê-tr'

DÉFINITIONS

1
Il sert en général à lier l'attribut au sujet, à indiquer l'existence de l'attribut dans le sujet, à attribuer à quelqu'un ou à quelque chose une qualité, un état, etc. ; c'est là le sens propre et primitif. La terre est ronde. Louis XIV fut roi de France. Il était négociant.
Mais soit cette croyance ou fausse ou véritable
Je suis toujours moi-même et mon coeur n'est point autre
Et ne l'écouter pas est le faire enrager
Je crois que deux et deux sont quatre
Son pays le crut fou [Démocrite] ; petits esprits ! mais quoi ! Aucun n'est prophète chez soi ; Ces gens étaient les fous, Démocrite le sage
Combien de gens, seigneur, s'ils faisaient même chose, Sachant ce qu'ils étaient et voyant ce qu'ils sont, Auraient à votre cour moins d'orgueil qu'ils n'en ont !
de BOURSAULT dans Ésope à la cour, v, 3
Rarement un esprit ose être ce qu'il est
J'étais père et sujet, je suis amant et roi
Mardochée à ses yeux est une âme trop vile
Qu'ils soient comme la poudre et la paille légère Que le vent chasse devant lui
de Jean RACINE dans ib. 1, 3
Jetez-moi dans les troupes comme un simple soldat, je suis Thersite ; mettez-moi à la tête d'une armée dont j'aie à répondre, je suis Achille
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
Être chrétien et n'être pas pénitent était une nouveauté
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Jeûne.
Séparez ce que nous sommes du ministère que nous remplissons
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Parole.
Ce qui rend la ferveur si essentielle est la majesté de celui que nous prions
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Prière 2
Il ne faut que des substantifs pour nommer tous les objets dont nous pouvons parler ; il ne faut que des adjectifs pour en exprimer toutes les qualités ; enfin il ne faut que le seul verbe être pour prononcer tous nos jugements
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Gramm. I, 13
Soyons se dit souvent, surtout dans le style élevé, en se parlant à soi-même.
Soyons indigne soeur d'un si généreux frère
Étouffe tes soupirs, malheureuse Constance ; Soyons en tous les temps digne de ma naissance
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans le Prince de Navarre, III, 3
Ah ! soyons sage, il est bien temps de l'être
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Enfant prod. III, 6
Soyons vrais, de nos maux n'accusons que nous-mêmes
de LA HARPE dans Warwick, v, 5
Sémantique : Terme de manége. Être droit, se dit d'un cheval qui ne boite point.
2
Avec un sens antonomastique, par suppression de l'attribut, avoir l'existence réelle. Dieu, dans l'Écriture sainte, s'appelle celui qui est.
Et je garde avec vous la même liberté Que si votre Sylla n'avait jamais été
Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est
Qui sait même ce que c'est qu'être, puisqu'il n'y a rien de plus général et qu'il faudrait d'abord, pour l'expliquer, se servir de ce mot-là même, en disant : c'est être... ?
de Blaise PASCAL dans Entret. avec M. de Saci, p. XI, édit. HAVET.
Quoique fils d'Abraham, il [Jésus-Christ] était devant qu'Abraham fût fait
Notre âme n'est pas devant notre corps, et quelque chose lui manque lorsqu'elle en est séparée
Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s'ils n'étaient pas
Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais
de Jean RACINE dans ib. I, 4
Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ?
Peut-être sommes-nous cause qu'on y a fait [dans les autres planètes] le procès à des philosophes qui ont voulu soutenir que nous étions [que la terre avait des habitants]
Les espèces inférieures sont pour les espèces supérieures : la plante est pour la brute, la brute pour l'homme, l'homme pour des natures plus parfaites ; celles-ci pour d'autres plus parfaites encore
de Charles BONNET dans Oeuvres mêlées, t. XVIII, p. 198, dans POUGENS
Accablés du soin d'être et du travail de vivre
de ST.-LAMBERT dans Saisons, III
Il se dit aussi d'une existence purement idéale.
En un mot, une conversion qui n'est pas entière, n'est point du tout
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Pâques.
Où la vertu n'est point, la liberté n'est pas
Cela n'est pas, je doute que cela soit, c'est-à-dire cela n'est pas vrai, réel, je doute que cela soit vrai.
Cela sera, cela ne sera pas, c'est-à-dire cela arrivera, cela n'arrivera pas.
Vous n'étiez pas encore au monde, ou, simplement, vous n'étiez pas encore, quand.... c'est-à-dire vous n'étiez pas encore né, quand....
En poésie et dans le style élevé, n'être plus, avoir cessé de vivre.
J'apprends en ce moment que mon père n'est plus
Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus, Et nous portons la peine de leurs crimes
Le prétérit fut, ou, impersonnellement, il fut, se dit pour signifier que quelque chose a cessé d'exister.
Il fut des Juifs, il fut une insolente race
Homère m'a guidé dans les champs où fut Troie
3
Être, se dit quelquefois pour exprimer la réalité, par opposition à l'apparence.
Rien n'est bon que d'avoir une belle et bonne âme : on la voit en toute chose comme au travers d'un coeur de cristal : on ne se cache point ; vous n'avez point vu de dupes là-dessus ; on n'a jamais pris longtemps l'ombre pour le corps ; il faut être, il faut être, si l'on veut paraître....
4
Se trouver en un lieu. Soyez ici ou là, que m'importe ?
Sémantique : Fig. Être ailleurs, ne pas prêter son attention. Répétez, je vous prie, j'étais ailleurs.
5
Être, se construit avec certains adverbes et avec des locutions adverbiales.
Mais laissez-moi passer entre vous deux, pour cause : Je serai mieux en main pour vous conter la chose
Soyons de concert auprès des malades
Être bien, être mal avec quelqu'un, être avec quelqu'un dans de bons, dans de mauvais rapports.
Être bien, être mal, se porter bien, se porter mal. Et sans ces adverbes : Comment est notre malade, comment va-t-il ?
6
Être, construit avec la préposition à, exprime en particulier l'appartenance, la dépendance. Cette maison est à moi.
Avant que d'être à vous, je suis à mon pays
Mais, pour en disposer, ce sang est-il à vous ?
Que si j'étais à moi, je voudrais être à vous
Que dis-je ? votre vie, Esther, est-elle à vous ? N'est-elle pas au sang dont vous êtes issue ? N'est-elle pas à Dieu dont vous l'avez reçue ?
Vous n'êtes point à vous ; le temps, les biens, la vie, Rien ne vous appartient, tout est à la patrie
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Sidnei, II, 6
Être à...., être lié par les noeuds du mariage, de l'amour.
Ce qu'elles nous sont [les liens qui nous attachent à elles] ferait qu'avec justice On nous imputerait ce mauvais artifice
Je vous vis, je formai le dessein d'être à vous
Je ne suis point à vous, je suis à votre père
de Jean RACINE dans ib. II, 6
Nous en avons parlé cent fois le comte et moi, sans qu'il sût ce que je vous suis
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans la Folle enchère, sc. 22
Être à, être au service de.
.... Je connais ce valet, il est à don Fadrique....
de Thomas CORNEILLE dans Engagem. du has. I, 6
Cela vient d'un gentilhomme qui était à M. de Turenne
Je suis tout à vous, tout disposé à faire ce qui vous sera agréable.
Je suis à vous dans un moment, c'est-à-dire attendez-moi, je reviens à l'instant, ou je vais m'occuper de vous.
Je suis à toi dans un moment
Il n'est plus à lui, se dit d'un homme dont l'esprit est dans une agitation extrême.
Je ne suis plus à moi quand j'entends ce discours
On dit dans un sens analogue, n'être plus soi-même.
Je ne vous connais plus ; vous n'êtes plus vous-même
Être à, se dit aussi de la situation, du temps, de l'occupation, etc. Le malade est à l'agonie. Il est à son travail. Il est au lit. Ma famille est à la campagne. Nous sommes au mois de janvier. Vous êtes à la fin du trimestre.
Être à jeun, se dit d'une personne qui n'a pris aucun aliment dans la journée.
Être à mépris, être méprisé.
Et toi, pour te montrer que tu m'es à mépris, Voilà ton demi-cent d'épingles de Paris
Être à, se dit, dans le langage des mathématiques, des rapports et des proportions. 2 est à 4 comme 8 est à 16.
Comme le produit d'un terrain inculte est au produit d'un terrain cultivé, de même le nombre des sauvages dans un pays est au nombre des laboureurs dans un autre
Être à quelque chose, s'en occuper, y prêter attention. Il est tout à ce qu'il fait. Vous n'êtes pas à ce que je vous dis.
Être à, suivi d'un infinitif, être occupé à....
Je fus samedi tout le jour chez Mme de Villars à parler de vous
Être longtemps à, mettre beaucoup de temps. Il est longtemps à faire son ouvrage.
Ces soleils sont parfois longtemps à se lever
Sémantique : Familièrement. Il est toujours à se plaindre, ils sont toujours à se quereller, il ne cesse de se plaindre, ils ne cessent de se quereller.
Être à faire, à savoir, etc. c'est-à-dire ne pas faire encore, ne pas savoir encore, etc.
Ah ! sire, êtes-vous donc à vous apercevoir Qu'il sème....
Ce glorieux vainqueur est encore à savoir Le mauvais traitement qu'il me fait recevoir
Je n'étais pas à savoir en combien de choses elle [Mlle Choin] entrait
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans t. VIII, p. 264, édit. CHÉRUEL.
Je n'étais pas à dire mon avis avec colère à Mme la duchesse d'Orléans sur sa manière d'être avec Monseigneur
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans t. VIII, p. 262
Être à plaindre, à blâmer, être digne de pitié, de blâme.
Cela est à vendre, à louer, c'est-à-dire on veut vendre, on veut louer cela.
On dit aussi cette marchandise est à prendre ou à laisser.
Cela est à faire, cela est à recommencer, c'est-à-dire on devra faire, recommencer cela.
Être homme à, être capable de....
Albert n'est pas un homme à vous refuser rien
Nature : Impersonnellement. Il est à croire, à désirer, etc. on doit croire, désirer, etc.
7
Être, construit avec la préposition de, indique le rapport de l'effet à la cause, l'origine, l'extraction. Cette tragédie est de Corneille. Cet enfant est de lui. Cette marchandise est de fabrique anglaise. Ces figues sont du Levant.
Ces damnables complots sont des gens de la cour
Le poëte Épiménide, qui fit un voyage à Athènes du temps de Solon, était de Crète
Ces lois viennent des dieux, le reste est des humains
Être de, exprime la profession, la condition. Il est d'Église, d'épée, de robe.
Il exprime la matière. Cette statue est de marbre.
Il exprime l'occupation. Je suis de service, de garde. Un interne est de garde dans un hôpital. Il est de semaine.
Marque la participation. Il est de moitié dans l'affaire. Il sera de la partie.
[Ils] Sont de tous leurs cadeaux, de toutes leurs parties
Mais, monsieur, cela serait-il de la permission que vous m'avez donnée, si je vous disais....
On ne voit pas que vous évitiez ces entretiens, ces lieux, ces plaisirs qui sont pourtant de toutes vos confessions
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Inconst.
Je vous supplierais de permettre que le nonce du pape en Pologne fût du souper
Aussi disait-on de Fontenelle qu'il avait été le patriarche d'une secte dont il n'était pas
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Élog. Despréaux.
M. de Melun fut du voyage
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mlle de Clermont, p. 116, dans POUGENS
Être du nombre de, ou, simplement, être de, être parmi. Je ne suis pas de ces gens qui....
Je suis d'avis que...., c'est-à-dire mon avis est que....
Le prince [Alexandre] ayant mis l'affaire en délibération, Parménion était d'avis d'accepter ces offres, et dit que pour lui il le ferait s'il était Alexandre
Cela est bien de son caractère, cela est bien de lui, c'est-à-dire cela est conforme à son caractère, à sa manière de penser et d'agir.
Cela n'est pas du jeu ou de jeu, c'est-à-dire cela n'est pas selon les règles du jeu, ne fait pas partie des conventions.
Exprime la manière d'être. Cet enfant est d'une grande intelligence. Cette étoffe est d'un teint trop clair.
Il est d'une jalousie qui devient tous les jours plus insupportable
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. la Bonne mère, II, 3
Être de, avec un substantif, exprime quelquefois la nécessité, l'obligation d'une chose. Dans ce lieu une mise décente est de rigueur.
Comme si le respect qu'on a pour les anciens philosophes était de devoir, et que celui qu'on porte aux plus anciens pères était seulement de bienséance
de Blaise PASCAL dans Autorité en phil.
Exprime la conformité. Ces habitudes ne sont plus de nos moeurs.
Être de l'avis, de l'opinion de quelqu'un, partager son avis, son opinion.
Être de quelque chose à quelqu'un, l'intéresser.
Le Rhône et Lyon me sont de quelque chose
Il ne m'est de rien, nous ne sommes pas parents.
Sémantique : Familièrement. Il ne m'est ni d'ève ni d'Adam, je n'ai pas avec lui de parenté si éloignée qu'elle soit.
Nature : Impersonnellement. Il est d'homme sage, etc. c'est l'action d'un homme sage.
Pourquoi cette ruine ? était-il d'homme sage De mutiler ainsi ces pauvres habitants [arbres fruitiers] ?
Il est de la justice, etc. la justice commande.
La peste soit du butor ! Peste soit de vous ! Voy. PESTE.
8
Sémantique : Terme de généalogie. Être du trois au quatre, du cinq au quatre avec quelqu'un, être dans un degré de parenté tel que les deux personnes dont il s'agit, appartenant à deux branches différentes, aient un bisaïeul, un trisaïeul commun ; ainsi la parenté du grand Condé avec M. de Vardes était du cinq au quatre, c'est-à-dire qu'ils avaient un trisaïeul commun, la Trémouille. Ce qui fait que l'on exprime ainsi cette parenté, c'est que le point de départ n'est compté qu'une fois : la Trémouille, une fille, une fille, une fille, Condé, cinq ; de l'autre côté, une fille, un garçon, une fille, Vardes, quatre.
Elle [la princesse de Tarente] n'est que du trois au quatre avec madame la Dauphine ; il faut être son neveu ou sa nièce pour qu'elle compte cela pour quelque chose
9
Être, construit avec la particule en, exprime le point où l'on est parvenu dans un travail, dans une affaire, et quelquefois l'état où l'on est réduit. Où en êtes-vous de votre ouvrage ? Où en est l'affaire ? Où en êtes-vous de votre procès ? j'en suis à faire nommer un rapporteur. Voilà où j'en suis.
Juge, Araspe, où j'en suis, s'il veut tout ce qu'il peut
Et où en eussiez-vous été, si on eût pris vos poëmes au pied de la lettre ?
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Homère, Ésope.
Il ne sait où il en est, il est troublé au point qu'il ne sait plus ce qu'il fait.
Je ne sais où j'en suis
En êtes-vous là ? croyez-vous cela ? ou bien êtes-vous dans cette résolution, dans cette erreur ?
Où en sommes-nous ? se dit par indignation ou par plainte, quand on voit quelque grand désordre.
Il n'en est pas où il croit, il est bien loin de ce qu'il espère ou imagine.
On supprime quelquefois la particule en.
Tu n'es pas où tu crois ; en vain, tu files doux : Ton excuse n'est point une excuse de mise
En être, être de la partie, de l'affaire, etc. Je vous baise les mains, je m'en vais ici près Chez mon oncle dîner. - ô Dieu ! le galant homme ! J'en suis.
...
On proposait une chasse, elle déclara qu'elle en voulait être
Ma foi, je n'en suis plus ; ceci devient tragique
de CAMPISTRON dans Jaloux désabusé, IV, 6
S'il faut prendre longtemps de la peine, je n'en suis plus
J'en suis pour ce que j'ai dit, je garde l'opinion que j'avais exprimée.
Elliptiquement et familièrement. Il en est, il est d'une société, d'une bande suspecte, de la police.
Elliptiquement et populairement. C'en est, je crois que c'en est, se dit, par euphémisme, des excréments humains.
Cela n'en est pas, celui-là n'en est pas, c'est-à-dire on ne doit pas faire cela. Il s'agit de jeux, et les coups n'en sont pas.
J'en suis pour ma peine, pour mon argent, j'ai perdu ma peine, mon argent. J'en suis pour une dent, j'y ai perdu une dent.
J'en suis pour mon honneur ; mais à toi, qui me l'ôtes, Je t'en ferai du moins pour un bras ou deux côtes
Peste soit du lourdaud qui me vient fracasser ; Je crois que j'en serai du moins pour une côte
de LEGRAND dans Roi de Cocagne, III, 9
J'en fus pour mes lorgneries et mes soupirs, dont même je m'ennuyai bientôt
En être sur, pointiller sur....
Quand je vois des gens en être avec moi sur le plus ou sur le moins....
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
En être, se dit du résultat, des conséquences d'une chose. On l'a traité outrageusement, et il n'en a rien été. Il en sera de cette affaire ce qu'il vous plaira.
On peut aussi supprimer la particule en : Il sera de cette affaire ce qu'il vous plaira.
Il en sera ce qu'il plaira à Dieu, se dit pour exprimer qu'on se résigne à la volonté de Dieu, à l'événement quel qu'il soit.
Ce qui en est, la réalité, la vérité.
On prétend qu'elle plut au roi, je ne sais ce qui en est
de Mme DE CAYLUS dans Souven. p. 142, dans POUGENS
Il en est, il n'en est pas de, exprime la similitude, la conformité. Il en est des peintres comme des poëtes, ils ont la liberté de feindre. Il en est de même de tout le reste.
Il n'en est rien, c'est-à-dire cela n'a aucune vérité, cela est faux. Ne croyez pas cette nouvelle, il n'en est rien.
Il n'y a pas lieu à mettre en, lorsque la phrase a un complément qui en tient lieu.
Je prie Dieu, monseigneur, qu'il ne soit rien de tout ce que je viens dire
10
Être construit avec la particule y. Y être, être chez soi. Y être pour quelqu'un, avoir donné l'ordre précis de recevoir une personne.
Et pourquoi lui dire que je n'y suis pas ? est-ce pour les personnes comme elle qu'on n'y veut pas être ?
Sémantique : Par plaisanterie. Allez voir là dedans, et, plus souvent, allez voir dehors si j'y suis, se dit pour renvoyer quelqu'un avec qui l'on ne se gêne pas ou contre qui l'on se fâche.
Voyez là dedans si j'y suis
de LEGRAND dans Roi de Cocagne, II, 10
Je n'y suis pour rien, je n'ai pris aucune part à la chose dont il s'agit, ou je n'y suis pas compromis. Avez-vous perdu à cette faillite ? Non, je n'y suis pour rien.
Vous n'y êtes pas, vous ne comprenez pas. Il y est, il a compris.
M. de Lauzun épouse dimanche, au Louvre, devinez qui.... c'est assurément Mlle de Créqui. - Vous n'y êtes pas
Comment ? je n'y suis pas ; vous plairait-il de recommencer ?
Il n'y est plus, il ne fait plus attention, ou il est dérouté.
La tête n'y est plus, il est fou, il est tombé en enfance.
11
Être se construit avec différentes prépositions.
Être après, être occupé à.
On est venu lui dire et par mon artifice, Que les ouvriers sont après son édifice
Être après quelqu'un, l'obséder, le poursuivre, ou le harceler en paroles. Je ne puis bouger sans qu'il soit après moi. Vous êtes bien moqueur, pourquoi êtes-vous toujours après moi ?
Être avec quelqu'un, vivre habituellement avec lui. Y a-t-il longtemps que vous n'êtes plus avec votre frère ?
Être avec quelqu'un, se trouver quelque part avec lui. Vous étiez avec moi lorsqu'il me parla.
Être avec quelqu'un, rester avec lui.
Soyez avec madame
Le Seigneur était avec lui, et tout lui réussissait heureusement
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Genèse, XXXIX, 2
Être en, désigne la manière d'être. Être en toilette, en robe de chambre, en pantoufles. Être en fête, en promenade. Une exposition en plein midi. En printemps, en hiver. Déguisé en Turc.
Être dans une affaire pour un quart, pour un dixième, y avoir un intérêt d'un quart, d'un dixième.
Être pour, suivi d'un infinitif, être propre à, capable de.
Ce serait pour monter à des sommes très hautes
Morbleu ! vous n'êtes pas pour être de mes gens
Lui aurait-on appris qui je suis, et serais-tu pour me trahir ?
Il y a quelques dégoûts avec un tel époux, mais cela n'est pas pour durer
Être pour, suivi d'un substantif, être du parti de.
Je ne suis point pour Albe et ne suis plus pour Rome
Dieu est pour nous, Dieu nous protége.
Être pour, être destiné à. Ceci, cette part est pour vous. Mes voeux sont pour vous. Sa dernière pensée a été pour vous. Ce que je dis n'est que pour le contenter.
Être pour, être d'avis de. Vous hésitez ? Moi je suis pour la promenade.
Être sans fortune, sans amis, n'avoir point de fortune, point d'amis.
On dit de même être sans connaissance, sans vie, sans pitié, etc.
Être.... sans...., rester.... sans....
On fut quelque temps à la cour sans entendre parler des affaires d'Angleterre
de Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, comtesse de la Fayette, dite Madame DE LA FAYETTE dans Mém. cour de Fr. Oeuvres, t. II, p. 390, dans POUGENS
On fut deux ans sans entendre parler d'elle
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. I, p. 169, dans POUGENS
Vous n'êtes pas sans savoir... vous n'ignorez pas sans doute.
Cela n'est pas selon la raison, selon la loi, selon les convenances, etc. cela n'est pas conforme à la raison, à la loi, aux convenances, etc.
C'est selon, la chose dépend des circonstances.
Être sous, dépendre de. J'étais sous un dur maître.
Être sous, suivre les leçons de. J'étais sous tel professeur.
Être sur, siéger sur, être placé sur. Être sur les tréteaux.
Un grand causeur, s'il est sur les tribunaux, ne laisse pas la liberté de juger
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théophr. 7
Être sur, s'occuper de quelqu'un, de quelque chose, en converser.
.... Nous étions tout à l'heure sur toi
Sur quoi en étiez-vous, mesdames, lorsque je vous ai interrompues ?
Vous êtes là sur une matière qui depuis quatre jours fait presque l'entretien de toutes les maisons de Paris
L'autre ouvrage considérable et qui n'est pas encore imprimé, est la traduction de Quinte-Curce, sur laquelle il [Vaugelas] avait été trente ans, la changeant et la corrigeant sans cesse
Dans le langage de l'Écriture, la main de Dieu est sur.... signifie le châtiment infligé par la colère divine.
La main de Dieu fut sur lui, son règne fut court, et sa fin fut affreuse
12
Être que de, être de, être à la place de ; ne se dit qu'avec les conjonctions si ou quand. Quand je serais de vous, je ne le ferais pas davantage.
Si j'étais que de vous et que j'eusse une nièce, Je saurais m'en défaire aussitôt...
de Thomas CORNEILLE dans Bar. d'Albikrac, IV, 7
Si j'étais que de vous, je lui achèterais dès aujourd'hui une belle garniture de diamants
Mais enfin si j'étais de mon fils son époux, Je vous prierais bien fort de n'entrer point chez nous
Je ne souffrirais point, si jétais que de vous, Que jamais d'Henriette il pût être l'époux
13
Nature : Impersonnellement. Il est, c'est-à-dire il y a, on trouve. Il est des hommes que la résistance anime. Est-il puissance capable de contraindre la volonté ?
Un coquin s'il en est, un coquin s'il en fut, se dit pour exprimer qu'un homme est aussi coquin qu'il est possible.
Grand et hardi menteur s'il en fut jamais
Des grammairiens ont demandé s'il fallait écrire s'il en fut ou s'il en fût. Le verbe n'est pas au subjonctif, comme on le voit quand le verbe est un présent.
Il est en.... de, il est au pouvoir de....
Il est en vous de l'éviter [la colère du ciel] par un prompt repentir
Il n'est pas en moi de faire telle chose, je n'ai pas le pouvoir de faire telle chose, ou bien mon caractère ne me le permet pas.
Est-il, signifiant il est certain, ne s'emploie que dans des phrases construites ainsi : toujours est-il, or est-il. Vous soutenez cet homme, toujours est-il qu'il a commis une mauvaise action.
Or est-il que j'en fais un tel fondement, que je ne vous rends pas même les devoirs ordinaires
Or est-il que le Fils de Dieu a voulu choisir la parole pour être l'instrument de sa grâce
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Prédic. 3
Il n'est rien de si beau que...., nulle chose n'est aussi belle que....
Il est midi, une heure, trois heures, c'est-à-dire l'heure actuelle est midi, une heure, trois heures. Quelle heure est-il ? à l'heure qu'il est.
Il est jour, il est nuit, il fait jour, il fait nuit.
Il n'est que lundi, mardi, etc. nous ne sommes encore qu'à lundi, mardi.
J'y reçus une de vos lettres ; et, quoiqu'il ne soit que lundi et que celle-ci ne parte que mercredi, je commence à causer avec vous
Ce qu'il peut être, autant qu'il peut être.
Et Pompée est vengé ce qu'il peut l'être ici
Il n'est que telle chose, c'est-à-dire il n'est rien de tel que, cela seul convient.
Pour perdre des amants celles qui s'en affligent Donnent trop d'avantage à ceux qui les négligent ; Il n'est lors que la joie, elle nous venge mieux
Il n'est que de.... c'est-à-dire le mieux est de.... Il n'est que de prendre les choses comme elles viennent.
Il n'est que d'être fin et de soir et de nuit
Il n'est que d'être libre, et en deniers comptants
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans ib. II
L'éclat d'un tel affront l'ayant trop décriée, Il n'est à son avis que d'être mariée
Ma foi, il n'est que de jouer d'adresse en ce monde
Il n'est que d'entreprendre pour réussir
dans Exil de Cicéron, dans DESFONTAINES
Il n'est pour se haïr que d'être un peu parent
de BOISSY dans Babillard, sc. 3
Il n'est que d'être roi pour être heureux au monde ; Bénits soient tes décrets, ô sagesse profonde, Qui me voulus heureux, et, prodigue envers moi, M'as fait dans mon asile et mon maître et mon roi
Il n'est que de s'entendre ; cet homme-là et moi sommes quasi d'accord
Il n'est que de.... signifie aussi : en fait de choses dont il s'agit, la meilleure vient de. Il n'est pommes que de Normandie. Il n'est pruneaux que de Tours.
Il n'est pas que.... avec ne, et le verbe suivant au subjonctif, il n'est pas supposable que....
Il n'est pas que vous ne sachiez quelques nouvelles de cette affaire
Il n'est pas que vous n'ayez ouï parler du goût bizarre de cet empereur qui préféra les écrits de je ne sais quel poëte aux ouvrages d'Homère
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Dissert. sur Joconde.
14
Être, construit avec ce antécédent, voy. pour les règles de cette construction CE, à l'article et aux remarques.
Ce se rapportant à une personne, à une chose, à une action déjà déterminée. C'est ce que je désirais. C'est bon. C'est vrai.
Vous m'aviez bien promis des conseils d'une femme, Vous me tenez parole et c'en sont là, madame
Est-ce là ce beau feu, sont-ce là tes serments ?
De grâce, est-ce pour rire, ou si tous deux vous extravaguez de vouloir que je sois médecin ?
Hé parbleu ! je l'aurais pendue [citrouille] à l'un des chênes que voilà ; C'eût été justement l'affaire
Ce se rapportant à une personne, à une chose, à une action indiquée seulement dans la suite de la phrase. C'est moi qui l'ai dit.
Qui de vous deux aujourd'hui m'assassine ? Sont-ce tous deux ensemble, ou chacun à son tour ?
A-ce été sous mon nom que j'ai brigué l'empire ?
Mais est-ce un coup bien sûr que votre seigneurie Soit désenamourée ? ou si c'est raillerie ?
Sont-ce encore des bergers ? - C'est ce qu'il vous plaira
Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ?
C'est.... que, avec un substantif. C'est une plate composition que cette comédie, cette comédie est une plate composition.
En un mot, c'est un ambigu de précieuse et de coquette que leur personne
C'est.... que, avec un infinitif.
Si ce n'est pas à moi trop de témérité que d'oser aspirer à l'honneur de votre alliance
C'est une lâcheté que de se faire expliquer trop sa honte
Vous moquez-vous ? ce serait être fou que d'aller parler à une statue
Est-ce que, se dit pour interroger.
Est-ce que vous feignez d'ignorer ma naissance ?
Est-ce qu'on croit encor mon supplice trop doux ?
Est-ce que de Baal le zèle vous transporte ?
Est-ce que vous avez un autre évangile à suivre ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Pet. nombre des élus.
C'est à vous de.... il vous appartient de....
C'est à moi d'obéir, puisque vous commandez
C'est à moi de mourir, mais c'est à vous de vivre
C'est bien à vous de faire l'habile homme !
C'est à moi de parler et d'être le maître
Ma fille, c'est à nous de montrer qui nous sommes
C'est à l'amour de rapprocher Ce que sépare la fortune
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate XIX.
C'est à vous de frémir et non de l'accuser
C'est à vous à régler ce qu'il faut que je fasse ; C'est à vous, Émilie, à lui donner sa grâce
C'est à monsieur à me mettre de la façon qu'il veut
C'est à vous à juger de son crime
Et ce n'est pas à vous à me croire inflexible
Ce n'est pas que.... avec l'indicatif, signifie après tout.
Ce n'est pas qu'il faut quelquefois pardonner à celui qui, avec un grand cortége, un habit riche et un magnifique équipage, s'en croit plus de naissance et d'esprit : il lit cela dans la contenance et les yeux de ceux qui lui parlent
de Jean de LA BRUYÈRE dans II
On aura le même sens avec le subjonctif précédé de ne. Ce n'est pas qu'il ne faille quelquefois pardonner...
Ce n'est pas que, avec le subjonctif, signifie aussi : on ne doit pas dire, prétendre à cause de cela. Ce n'est pas qu'il faille renoncer au monde.
Ce que c'est que de.... , à quoi aboutit.... , voilà le sort.
Ce que c'est que de nous ! Voyez ce que c'est que du monde aujourd'hui
Voilà ce que c'est, voilà en quoi consiste la chose, voilà ce dont il s'agit ; et aussi quelquefois : la chose est faite maintenant comme il convient.
C'est-à-dire, voy. DIRE.
15
Soit ! expression elliptique d'assentiment. Vous le voulez ; soit ! j'irai avec vous.
Ainsi soit-il ! formule qui termine certaines prières.
Expression de souhait.
Sois-je du ciel écrasé, si je mens !
Jésus soit notre joie !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 3 Purif.
Son sang soit sur nous et sur nos enfants
Nature : Elliptiquement. Soit fait selon votre volonté, c'est-à-dire qu'il soit fait.... Entre nous soit dit.
Soit dit confidemment, je crois qu'il est jaloux De tous les sentiments qui m'attachent à vous
Soit, conjonction, voy. SOIT.
16
Nature : Elliptiquement. N'était, n'eût été, si ce n'était, si ce n'eût été. N'était, n'eût été que je suis votre ami. N'était l'amitié que j'ai pour vous.
Et encore n'était le hasard et la perte, Je voudrais....
Mais par ma foi, madame, n'était que je lui ai déjà vu jouer mille fois le même rôle, je ne saurais qu'en dire
de BARON dans Homme à bonnes fort. III, 2
Fût-il.... quand même il serait....
On résolut sa mort, fût-il coupable ou non
Fût-elle mon ennemie, je la louerais de même
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Théod. t. III, lett. 40, p. 279, dans POUGENS.
Ne fût-ce.... que, quand ce ne serait que....
Despréaux est pour eux une grande autorité, ne fût-ce que parce qu'il est mort
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Latin des modernes
17
Cela étant, vu que la chose est ainsi.
Et cela étant, qui doute qu'il ne fallût faire des prières générales ?
Cela étant, Valère mon maître n'a plus qu'à chercher fortune ailleurs
Étant ou en étant, dans une construction absolue, c'est-à-dire ne se rapportant ni au sujet ni au régime de la phrase.
Roquebrune n'était pas d'avis qu'on le reçût, en étant des poëtes comme des femmes
Je n'ai parlé que des noms communs, étant indubitable que c'est fort bien parler que de dire....
de LANCELOT dans Gramm. génér. II, 10
Je dis qu'étant impossible que Dieu emprunte rien du dehors, il ne peut avoir besoin que de lui-même pour connaître tout ce qu'il connaît
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Libre arb. 3
Vous ne pouvez différer, étant important de ne vous pas arrêter davantage
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. quiét. 477
Nous étant défendu de fixer notre coeur à la terre, la situation doit nous paraître la plus souhaitable
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Prosp.
Étant se rapportant au régime.
On connaîtra que, n'étant autre chose qu'un poëme ingénieux, on ne saurait le censurer sans injustice
18
Être s'emploie comme auxiliaire des verbes passifs (en ses temps simples et composés : je suis aimé, j'ai été aimé), et d'un grand nombre de verbes neutres (seulement en ses temps simples : je suis venu, j'étais venu. Cependant on pourrait dire : Il devait venir quand j'aurais été parti). Cicéron fut exilé de Rome. Le pont a été emporté par la débâcle. Il est sorti d'Abraham. Ils sont tous morts. Je vous aurais trouvé si je fusse venu à temps.
.... [l'ours] Vivait seul et caché ; Il fût devenu fou ; la raison d'ordinaire N'habite pas longtemps chez les gens séquestrés
Il est aussi auxiliaire dans tous les verbes réfléchis, directs ou indirects, mais seulement avec ses temps simples. Il s'est emparé de la ville. Elle s'est cassé le bras. Ils se sont blessés en jouant.
Chez ces gens pour toujours il [le follet] se fût arrêté
19
Être se dit pour aller, quand on est allé dans un lieu et qu'on en est revenu ; ce qui fait voir qu'en ce sens être a d'abord gardé sa signification naturelle ; il est allé à Rome exprime simplement qu'il a fait le voyage de Rome, sans dire s'il est de retour ; il a été à Rome exprime qu'il est revenu ; être pour aller ne s'emploie qu'aux temps passés : je fus, j'ai été, j'aurai été, j'aurais été, je fusse, ayant été.
J'ai été premièrement tout contre l'arsenal au bout du faubourg St-Germain, du faubourg St-Germain au fond du Marais
Mon cheval a fait tout cela aujourd'hui, et de plus j'ai été à Ruel voir un malade
La comédie de Racine m'a paru belle, nous y avons été
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, 15 janv. 1672
C'est abusivement qu'on emploie être pour aller en d'autres circonstances ; cependant, dans l'usage vulgaire, on se sert souvent de je fus et j'ai été au sens d'aller avec un infinitif suivant ; et on en trouve des exemples dans d'excellents auteurs et dans de très anciens textes.
Il fut recevoir le corps de son frère jusqu'à Pavie ; son frère n'avait été qu'une journée au-devant de lui
de D'ABLANCOURT dans Tacite, 134
Et nous fûmes coucher sur le pays exprès, C'est-à-dire, mon cher, au fin fond des forêts
À peine ai-je été les voir trois ou quatre fois, depuis que nous sommes à Paris
Je fus retrouver mon janséniste
Elle fut au-devant d'elle les bras ouverts
Quand un Porphyre, quand un Julien l'apostat, ennemis d'ailleurs des Écritures, ont voulu donner des exemples de prédictions prophétiques, ils les ont été chercher parmi les Juifs
Il prit deux perdrix et fut chez sa maîtresse
Si on eût eu à chercher un homme heureux, on l'eût été chercher bien loin de lui et bien plus haut, mais on ne l'y eût pas trouvé
Tu ceignis en mourant ton glaive sur ta cuisse, Et tu fus demander récompense ou justice Au Dieu qui t'avait envoyé

PROVERBES

1
On ne peut pas être et avoir été, on ne peut être vieux et jeune tout ensemble.
2
Il faut être tout un ou tout autre, il faut avoir une conduite, une manière de penser décidée.

REMARQUE

1
1. Être se conjugue avec l'auxiliaire avoir : J'ai été, et non je suis été ; ce que dit l'italien : io sono stato ; italianisme qui au XVIe siècle essaya de se glisser.
2
2. Ce furent mes soeurs qui y allèrent. L'euphonie fait admettre le singulier dans les locutions interrogatives : Fut-ce mes soeurs qui le firent ?
3
3. Les constructions du verbe être suivant que le sujet est au singulier ou le complément au pluriel, et vice versa, présentent de l'embarras. Il y a trois cas : 1er cas. Un sujet au singulier avec un complément au pluriel, et le verbe au singulier.
Une tragédie doit être des passions parlantes
Le reste des hommes sont des coquins
de Blaise PASCAL dans Imag. 8
Tout ce que je vois ne sont que de vains simulacres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Brièveté.
L'effet du commerce sont les richesses, la suite des richesses, le luxe
La seule chose qui les surprenne [les éléphants] sont les pétards qu'on leur lance
Sa nourriture ordinaire sont des fruits, des amandes, des noisettes, de la farine et du gland
Tout cela ne sont que des arguties et des subtilités
Et deux ans, dans le sexe, est une grande avance
Quatre ou cinq mille écus est un denier considérable
4
4. L'Académie remarque à propos du verbe être que les grammairiens (et il vaudrait mieux mettre : quelques grammairiens) l'appellent verbe substantif. Cela est vrai ; mais il aurait fallu ajouter : 1° qu'ils lui donnent ce nom par opposition à tous les autres verbes, qu'ils nomment verbes adjectifs ; 2° que, dans tous les cas, ces deux dénominations sont fort mauvaises, puisque substantif et adjectif désignent deux espèces de mots, et verbe une troisième ; et que le rapprochement de ces mots contradictoires n'a absolument aucun sens ; 3° que Dumarsais, considérant que tout verbe se résout dans le verbe être suivi de son participe présent, appelait être le verbe simple ou absolu, et tous les autres des verbes composés ; 4° que ces mots entraînaient une confusion, puisque, à un autre point de vue, mettre est un verbe simple, et admettre, commettre, etc. des verbes composés ; 5° que Beauzée a trouvé le véritable nom en appelant être le verbe abstrait ; et alors tous les autres verbes sont concrets, comme réunissant au sens du verbe être celui de leur participe ; ou attributifs, parce que ce participe commence l'attribut dans la proposition où ils entrent.

HISTORIQUE

1
Nul plaid qui cist meon fradre Karle in damno sit [qui soit en dommage à ce mien frère Charle]
2
In nulla aiudha [en nulle aide] contra Lodhuwig non li vi [y] er [serai]
3
Xe s.
Buona pulcella fut Eulalia
dans Eulalie
Chi [qui] rex eret [était] à cels dis [à ces jours] sovre pagiens
dans ib.
Por o [pour cela] s' furet [fuerat] morte à grant honestet
dans ib.
Seit niuls
dans Frag. de Val. p. 467
Et si fu co [cela]
dans ib. p. 467
E eret [était] mult las
dans ib. p. 468
Si astreient [seraient] li Judei perdut, si cum il ore sunt
dans ib. p. 468
E io ne dolreie [je ne serais pas affligé] de tanta millia hominum, si perdut erent [seront] ?
dans ib.
p. 469. Quand il se erent convers [quand ils se seront convertis] de via sua mala
dans ib. p. 469
Seietst [soyez] unanimes in dei servitio
dans ib. p. 469
4
XIe s.
Si ceo fust u evesqué u abeïe
dans Lois de Guil. 1
À grant dolur ermes [nous serons] hoi desevrez [séparés]
dans Ch. de Rol. CXLV
[Des pechés] Que je ai fait dès l'hore que nés [je] fui
dans ib. CLXXII
Il ne pot [peut] estre [il est impossible] qu'il seient desevrez
dans ib. CCLXXXVI
Mais li quens Guenes. se fut bien pourpenset
dans ib. XXXII
N'est hom quil [qui le] veit e conoistre le sait, Qui ce ne die....
dans ib. XXXIX
De là [ils] s'en furent [s'en allèrent] pour la chrestientet
dans ib. LIII
Se vous mourez, esterez sainz martirs
dans ib. LXXXVII
Set ans touz pleins ad ested en Espeigne
dans ib. I
Li reis Marsil esteit en Saragoce
dans ib. II
Que nous seiuns conduit à mendier
dans ib.
Quant chascuns ert [sera] à son meillor repaire
dans ib. IV
Charles serat ad Ais à sa chapele
dans ib.
Dient paien : ainsi puet-il bien estre
dans ib.
Là où cis [ceux-là] furent, des autres i ot bien
dans ib. VIII
S'est qu'il demandet [s'il y a quelqu'un qui le demande], ne l'esteut [il n'est besoin de] enseigner
dans ib.
Seit qui l'ocie, toute pais puis auriumes
dans ib. XXVIII
5
XIIe s.
Ah ! rois de gloire, tu soies mercié
dans Ronc. p. 160
À dame Deu soiez....
dans ib. p. 17
S'il est qui croire veuille ma volonté
dans ib. p. 20
Qui mout sont à prisier
dans ib. p. 30
Là s'est armez li cortois Olivier
dans ib. p. 49
Sempres morrai, mais cher me sui venduz
dans ib. p. 93
Tant a esté [tant est allé], [que] devant la tour antie Est descenduz voyant sa baronie
dans ib. p. 115
D'une grant terre qui fu au roi Orsaire
dans ib. p. 145
Si [je] m'i confort [en son souvenir], quant ele m'est lointaine [absente]
dans Couci, VIII
Mais itant fu à moi reconforter Que, nuit et jour, en plorant [je] la remir [regarde]
dans ib. x
Mais il convient qu'à sa volonté [je] soie
dans ib. XX
D'hui cest jour en un an soiez prest d'ostoier [entrer en campagne]
dans Sax. XVI
Comment vous a esté entre la gent foraine [étrangère] ?
dans ib. XX
Mult nota les paroles que li quens respundi, Pur ço que li quens ert [était] cusins al rei Henri, Et erent d'un conseil et durement ami
dans Th. le mart. 51
Se vus nel delivrez, nus sumes mal bailli : Li reis e saint iglise e nus iermes [serons] huni
dans ib. 12
Et quant vous estes eschapé Et li besoin sont trespassé, Dont ne vous est gaires de nous [vous ne vous souciez guères de nous]
dans Roman de Brut, v. 6346
Mon tré [tente] tendez en milieu del mostier, Et en ces porches esseront mi sommier
dans Raoul de C. 150
Et jo li serrai pur pere, e il me serrad pur fiz
dans Rois, p. 144
Uns hom astoit en la terre Us, ki out num Job
dans Job, p. 441
6
XIIIe s.
Quant nous fusmes [allâmes] au bois arcoier et joier
dans Alexandre, dans DU CANGE, arcuare
La dame à qui je sui, s'el me velt retenir
de VIDAME DE CHARTRES dans Romancero, p. 114
Jà pour autre ne me devra guerpir [quitter], Quant el saura com je lui ai esté Fins et verais, courtois, sans repentir
de LE COMTE D'ANJOU dans ib. p. 124
Et tout cil qui avoient devant esté contre lui estoient ce jour à sa volenté
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXXXVI
Il i avoit un Grieu [Grec] qui miex estoit de l'empereour que tuit li autre
Ensi demorerent huit jors pour atendre les nes [vaisseaux] qui encore estoient à venir
Ilec troverent Guillaume de Braiecuel et cex qui avoec lui estoient, qui mout estoient à grant paor
de ID. dans CXXXVIII.
Tant se travailla Jofrois li mareschaux à l'aide des barons qui estoient dou conseil au marchis
Et de corone d'or [je] fui par vous coronnée
dans Berte, XVI
Si [elle] saignoit com ce fust perceüre de clou
dans ib. XXXII
Ainsi com vous orrez [ouïrez], s'il est qui vous le die
dans ib. LX
Dame, ce dist Constance, si soit com dit avez
dans ib. CXXXII
Pour ce qu'il ert [était] divenres [vendredi]....
dans ib. I
Vers le lion [il] s'en va, ou soit sens ou folie
dans ib. II
Ne soiez vers les pauvres ne sure [aigre] ne amere
dans ib. IV
Sire, fait-ele, c'estroit [ce serait] lait
dans Lai de l'ombre
Et tant furent ensamble qu'il en ot un filg et une fille
dans Chr. de Rains, p. 9
Et li rois respondi que li legas disoit sa volenté, ne ne savoit pas à quoi ce montoit : car Sarazin estoient moult sage et estoient sour le leur, et bien veoient lor meillour quant temps et lius en estoit
dans ib. p. 101
Sire, ormais n'est que dou haster la besoigne
dans ib. p. 51
Evain en son cuer porpensoit Que s'ele encor une en avoit, Plus belle estroit la compaignie
dans Ren. 61
Car c'est cele qui la bonté Me fist si grant qu'ele m'ouvri Le guichet del vergier flori
dans la Rose, 1264
Je t'enseignerai bien autre hui ; Autre, non pas, mès ce meïsmes, Dont chascun puet estre à meïsmes [être à même], Mès qu'il prengne l'entendement D'amors ung poi plus largement
dans ib. 6462
Trop sunt dolentes et confuses Pucelles qui sunt refusées
dans ib. 5860
Avis m'iere [m'était] qu'il estoit mains [matin], Il a jà bien cincq ans, au mains [au moins], En mai estoie, ce sonjoie, El tems amoureus plain de joie
dans ib. 45
Enciez [avant] qu'il vint, si m'escria : Vassal, pris ies [tu es], noient n'i a Du contredire, ne defendre
dans ib. 1694
Il fu que [il y eut un temps où] toutes les bonnes viles et li castel de Lombardie furent à l'empereur de Romme, en son domaine, et tenues de li
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 64
Aucuns dons et pramesses porroient estre convenencié qui ne seroient pas à tenir
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 24
Donques quant plusor parchonier ont compaignie en tix [tels] heritages, il doivent estre à ferme ou à loier
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXII, 4
Tout soit il ainsi que commune renommée keure [coure] entre une feme qui est en mariage, qu'ele est bien de plusors homes carnelment
de Philippe de BEAUMANOIR dans XVIII, 4
S'on esperoit qu'il se fust tués par aucune maladie, par le [la] quele il ne fust pas à soi, si oir [ses héritiers] ne doivent pas perdre ce qui de li vient
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXIX, 10
Nous en sons [sommes] bien entré en voie, N'i a si fol que ne le voie, Quant Constantinoble est perdue
de RUTEBEUF dans 101
Un chevalier qui estoit à monseigneur Erart de Brene
Sire, il me semble que il iert [sera] bon que vous retenez les formens et les orges et les ris
Et dit l'en que nous estions trestous perdus dès celle journée, se le cors le roy [le roi de sa personne] ne feust [ne se fût trouvé là]
7
XIVe s.
Quant nous avons communellement delettacion en aucune chose, c'est signe que nous suymes [sommes] à telles choses enclins, et quant nous avons tristesce en aucunes choses, c'est signe que nous suymes enclins à l'opposite
S'ainsi sons [nous sommes] pris au broi [piége], s'iert [ce sera] de grant lachetey
dans Girart de Ross. v. 3270
8
XVe s.
Orai-je un petit d'escusance De ce quelors trop jones ere [j'étais] Et de trop ignorant maniere
Et tel que fui, encor le sui, ib... Beau fieulz, es-se [est-ce] Belle chose de bien ouvrer ?
de Jean FROISSART dans ib.
Or, regardez si je disoie bien voir [vrai], veez là les vingt six mille hommes d'armes ; si ils sont trois mille lances, ils sont cent mille
Ainsi estoient menacés les Anglois par les François, et donnoient grand marché, et montroient par leurs paroles que tout fut à eux
Lors demanda le roy à son conseil qu'il estoit de faire
Et quant le jour du parlement qui estoit assigné à Mons, fut venu, ils y furent
Et sachez que, si ne fussent les gentils hommes qui dedans Aubenton estoient et qui la gardoient, elle eut esté tost prise et d'assaut
Sitost que le jour fut....
Quand messire Aghos des Baux sentit que ceux de la Reole se vouloient rendre, il ne voulut oncques estre à leur traité, mais se partit d'eux
Votre capitaine où est-il ? ne veut-il point estre de ce traité
dans ib.
Si avoit un frere par son pere qui avoit esté [feu son père]
Il ne peut estre que en un tel ost que le roi d'Angleterre menoit, qu'il n'y ait des vilains garçons et des malfaiteurs
Et fit depuis si grands prouesses [Watelet de Mauny] qu'on n'en pourroit savoir le nombre, si comme vous orrez avant en l'histoire, s'il est qui vous le die
Tu es l'aisné fils du roi, auquel, par la grace de Dieu, tu es à succeder, et es à estre notre roi et seigneur
de Enguerrand de MONSTRELET dans I, 48
Et les aucuns disoient que le duc de Baviere avoit laschement faict qu'il n'avoit tué le duc de Bourgongne soudainement et s'en estre allé en Allemaigne, et il n'en eust plus esté
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Charles VI, 1413
Et eussent les choses esté plus triumphantes, se n'eust esté le temps, qui moult fut mal advenant
de JEAN DE TROYES dans Chron. 1482
Ce mout doutoit le roy, qui estoit tourné contre luy, et plus lui en estoit que de tous les aultres à qui il avoit à faire
de FENIN dans 1413
Et de tels y en eut qui bien se doubtoient de ce qui en estoit, mais rien n'en dirent à present
de FENIN dans 1407
Et sagement savoit jeter son regard et ses semblans, que nul n'apperceust où son coeur estoit
dans Boucic. I, 8
Qui, pour le moins, ay tousjours esté des chambellans [de Louis XI]
de Philippe de COMMINES dans Prol.
Le quel me print en son service, et fut l'an mil quatre cens soixante quatre
de Philippe de COMMINES dans I, 1
Et faisoit le cas si enorme que nulle chose qui se peut dire à ce propos pour faire honte et vitupere à un prince, ne fust qu'il ne dist
dans ib.
Mon cousin, vous soyez le très bien venu
de Philippe de COMMINES dans IV, 10
Moult se tenoit bienheureux de ce qu'il pouvoit estre bien d'icelle [être bien avec elle]
dans Perceforest, t. I, 1, f° 66
9
XVIe s.
D'estre assis je n'ai plus d'envie : Il n'est que d'estre bien couché
de Clément MAROT dans II, 247
Et fusse Helaine au gracieux maintien, Qui me vinst dire, amy, fais mon cueur tien, Je respondrois : point ne seray muable
de Clément MAROT dans II, 398
Les fons du temple estoit une fontaine, Où decouroit un ruisseau argentin
de Clément MAROT dans I, 182
Bref, fust de nuict ou fust de jour, Je ne songeois rien que l'amour
Prenez le cas que cinq ou six hyvers Soi'nt jà passez, et qu'avec longue peine Ils soi'nt venus en accroissance pleine
Soyez doux et clement, la doulceur te doit plaire
[Socrate se retiroit avec fierté] regardant tantost les uns, tantost les aultres, amis et ennemis, d'une façon qui encourageoit les uns et signifioit aux aultres qu'il estoit pour vendre bien cher son sang et sa vie à qui essayeroit de la lui oster
de Michel de MONTAIGNE dans III, 6
N'estoit que.... [si ce n'est que]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 7
Estre d'avis que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 14
Le roy qui est à present [qui règne]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 16
Ce sont vices toujours conjoincts
de Michel de MONTAIGNE dans I, 22
C'estoient les formes vrayement romaines
de Michel de MONTAIGNE dans I, 24
Est ce à toy de nous gouverner ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 89
Il est en nous de.... [nous pouvons]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 115
Il nous faudroit des topographes qui nous feissent des narrations des endroicts où ils ont esté
de Michel de MONTAIGNE dans I, 234
Puisque nous en sommes sur le froid
de Michel de MONTAIGNE dans I, 261
Pompeius le feut veoir
de Michel de MONTAIGNE dans I, 301
Satan est l'adversaire qui machine nostre ruine, le peché est les armeures desquelles il use pour nous opprimer et meurtrir
Qu'est-ce autre chose que... ?
de Jean CALVIN dans ib. 701
Si ne feront-ils jamais tant par leur belle rhetorique, qu'une mesme chose soyent deux
de Jean CALVIN dans ib. 61
Estes vous encore à savoir que les femmes n'ont amour ni regret ?
Le pauvre gentilhomme ne savoit où il en estoit [qu'en penser]
Madame fust hyer disner aux Loges, dont elle s'est bien trouvée
Je feusse plus toust partie, n'eust esté la grant envie que j'avois de voir Chumbert
Le cardinal d'Armaignac a esté à la mort, abandonné des medecins
Ils demeurerent long temps muets, comme si fussent esté des images
de Jacques YVER dans p. 636
Le guet nous prit, j'en fus pour mes trois jours au Chastelet
Il n'est pas que vous n'aiez veu un sonnet à sa louange qui a fort couru
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. II, 12
Ce lict m'est un tombeau, puis qu'ils [les martyrs protestants] n'ont point de tombeaux
A il jamais esté que les tyrans, pour s'asseurer, n'aient... ?
Toujours il a esté que cinq ou six ont eu l'oreille du tyran
Il n'est pas qu'eux mesmes ne souffrent quelques fois de luy
Et faire que ma cité n'ait point faute d'aucune chose qui soit pour l'embellir et orner
Il avoit abandonné à piller à ses soudards quelques vases d'or qui avoient anciennement esté à Alexandre le grand
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 38
Un peu avant que je fusse la premiere fois à Athenes, on dit qu'il y advint une telle chose
de ID. dans Démosth. 45
Et si Heraclides par envie a esté desloyal et meschant, est ce pourtant à dire que Dion par courroux doive maculer sa vertu ?
de Jacques AMYOT dans Dion, 59
[Voyant tout cela] il se tourna devers ses familiers, et leur dit : C'estoit estre roy cecy, à vostre advis, n'estoit pas ? [n'est-ce pas ?]
de Jacques AMYOT dans Alex. 37
La premiere chose qu'on leur donna, furent du sel et des lentilles
de Jacques AMYOT dans Crassus, 38
Les Egyptiens disent qu'il fut aussi en leur païs
de Jacques AMYOT dans Lyc. 6
Qu'il ait esté en Afrique et en Espagne et jusques aux Indes, je ne sache personne qui l'ait escrit
de Jacques AMYOT dans ib.
Si j'estois à renaistre au ventre de ma mere
de Pierre de RONSARD dans 810
....E+ par esclats les lances acerées Furent toucher les voutes etherées
de Pierre de RONSARD dans 619
Car l'amour et la mort n'est qu'une mesme chose
de Pierre de RONSARD dans 304
....Pour faire voir clairement à chascun Que les vortus et les dames n'est qu'un
de Pierre de RONSARD dans 765
La perte des grands rois sont les langues flateuses
de Pierre de RONSARD dans 663
L'impudence aujourd'hui sont les meilleures armes Dont on se puisse aider....
de Pierre de RONSARD dans 978
Une autre branche de la dissolution, sont les excez de table, et tenir grand equipage
Ils repliqueront que ce que j'ay allegué sont conseils evangeliques et non preceptes obligatoires
Une des plus singulieres choses qu'on remarque en France, sont les beaux edifices dont les campagnes sont parsemées
La seconde cause furent les voyages qui s'entreprirent pour la conqueste de la terre saincte
Plusieurs choses qui se firent alors et qui arriverent, fut plus par hazard et inopinément quasi que par conseil
Le dit sieur de Vieilleville fut [alla] estrader avesques 200 salades
de Vincent CARLOIX dans II, 13

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguign. Être ; Berry, je seus, je suis ; provenç. esser ; catal. esser, ser ; espagn. et portug. ser ; ital. essere ; d'une forme latine barbare essere, pour esse, être, du radical es ou as, qui fait aussi, dans l'allemand ist, et dans le sanscrit asmi, le verbe abstrait. Le verbe être est formé de trois verbes latins différents : 1° esse, qui a donné l'infinitif estre, le présent je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont, le subjonctif je sois, le futur je serai, le conditionnel je serais ; 2° fuo, qui a donné le prétérit je fus et le subjonctif je fusse (voy. FUS, pour l'étymologie) ; 3° stare, qui a donné l'imparfait j'estois, le participe présent estant, et le participe passé esté (voy. le verbe ESTER). D'après Vaugelas, qu'il soit, qu'ils soient se prononçait sait, saient ; c'est une prononciation usitée encore en Normandie. L'ancienne langue, à côté de l'imparfait estoie, avait un autre imparfait ere ou iere qui représente le latin eram, et, à côté du futur serai, elle avait un autre futur ere ou iere qui représente le latin ero. Dans le latin barbare esse-re, re provient d'une assimilation faite mal à propos avec les verbes en ere (le 1er e étant un e bref) ; car déjà, dans es-se, se représente ce re.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Être, avoir été, à l'infinitif, pris substantivement.
Le seoir est aussi naturel que l'étre debout ou le marcher
de François de MALHERBE dans Lexique, éd. L. Lalanne.
Ce qui est plus assuré, c'est l'avoir été
de François de MALHERBE dans ib.
2
5. Vous n'étiez pas encore quand.... se dit pour signifier : Vous n'étiez pas encore né quand.... (voy. au Dictionnaire ÊTRE 1, au num. 2). J. J. Rousseau a étendu cette locution au présent avec emploi affirmatif. L'envie et la haine sont maintenant contre moi à leur comble ; elles diminueront.... alors, si je suis encore, vous me servirez et l'on vous écoutera, Lett. à Moultou, 22 juin 1762. Cela est moins conforme à l'usage, mais se comprend et est correct.
3
Ajoutez : L'imparfait j'estois est dit provenir du latin stabam ; c'est une erreur qu'il faut corriger, d'après ce qui est dit dans l'Hist. de la langue franç. t. II, p. 201 : " J'estois, tu estois, il estoit a été tiré, sans contestation aucune, de stabam, stabas, stabat ; en effet la dérivation est correcte, et il ne serait possible d'élever aucun doute, sans le dialecte normand, qui offre, si je puis user de ce terme, un réactif plus délicat et qui fait apparaître le véritable élément. Le verbe stare est de la première conjugaison ; par conséquent, son imparfait, que l'on suppose être devenu celui du verbe être, confondu, il est vrai, dans les autres dialectes sous une forme commune, s'en dégagerait dans le dialecte normand, et ferait je estoe, tu estoes, il estot. Or il n'en est rien, et cet imparfait du verbe être y est toujours je esteie, tu esteies, il esteit, désinences caractéristiques des autres conjugaisons et ici, en particulier, de la troisième. Je esteie ou je estoie, suivant les dialectes, est imparfait régulier de l'infinitif étre, verbe de la troisième conjugaison et dérivé d'un bas-latin estere, qui prévalut dans les Gaules, au lieu de essere (pour le changement de ss en st comp. l'anc. franç. tistre, de tessere, dit pour texere). Le verbe stare a son représentant qui fait à l'infinitif ester et à l'imparfait, dans les autres dialectes, je estoies, tu estoies, il estoit, mais dans le normand je estoe, tu estoes, il estot, aussi distinct ici, par la forme que par le sens, de l'imparfait du verbe substantif. "

Synonymes de ÊTRE

Phonétiquement proche de ÊTRE