Définition de ÉVANOUIR (S')

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : é-va-nou-ir

DÉFINITIONS

1
Disparaître sans laisser de traces.
Là périssent et s'évanouissent toutes les idoles, et celles qu'on adorait sur des autels, et celles que chacun servait dans son coeur
Dans les pays de commerce, l'argent qui s'est tout à fait évanoui revient, parce que les États qui l'ont reçu le doivent
Le lendemain on cherchait les pieux voyageurs, mais ils s'étaient évanouis comme ces saintes apparitions qui visitent quelquefois l'homme de bien dans sa demeure
Sémantique : Par extension.
C'est le dernier éclat d'un feu prêt à s'éteindre, Sur le point d'expirer il tâche d'éblouir, Et ne frappe les yeux que pour s'évanouir
Qui croit les posséder [ces douceurs] les sent s'évanouir
Et ma haine, qu'en vain tu crois s'évanouir
Vains fantômes d'État, évanouissez-vous
de Pierre CORNEILLE dans ib. II, 1
Mais sa haine sur vous autrefois attachée Ou s'est évanouie ou s'est bien relâchée
Nos bonnes résolutions s'évanouissaient
Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l'homme reste, Et le héros s'évanouit
Avec suppression du pronom personnel, quand certains verbes, voir, sentir, faire, etc. précèdent.
À des paroles si consolantes, Don Garcie sentit évanouir toute sa crainte
Faire évanouir, dissiper, détruire. Cette nouvelle a fait évanouir toutes nos espérances.
On en [des maux] a vu qui ont sapé, par les fondements, de grands empires et qui les ont fait évanouir de dessus la terre
de Jean de LA BRUYÈRE dans X.
Le spectacle de la mort de Virginia, immolée par son père à la pudeur et à la liberté, fit évanouir la puissance des décemvirs
La prude loua cette résolution d'un air bien capable de la faire évanouir
Sémantique : Terme d'algèbre. Faire évanouir une inconnue, la supprimer à l'aide d'une opération dans une équation. Ainsi x+y=a, x-y=b ; en ajoutant ces deux équations, il vient 2x=a+b ; y s'est évanoui.
2
Perdre connaissance, tomber en faiblesse. À cette nouvelle elle s'est évanouie.
Faire évanouir, causer une faiblesse, une perte de connaissance. L'hémorragie l'a fait évanouir.

REMARQUE

1
On trouve évanouir employé neutralement :
Harlay, à ce qu'il a dit depuis à Valincourt, pensa évanouir
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans t. 1, p. 396, édit. CHÉRUEL

HISTORIQUE

1
XIIe s.
E, ço dit, [les deux anges] s'esvanoïrent
dans Machab. II, 3
Li duz esvanoïz del sanc Qui li isseit parmi le flanc ....
dans Grégoire le Grand, p. 63
2
XIIIe s.
Ensinc ont bien entendu li message ce que Merlins leur a dit, et il se tornent autre part por parler ansamble, et cil s'esvanoist, et, quand cil se retornent por parler à lui, si l'orent perdu
dans Merlin. f° 41, verso
Quand il urent fini lur diz, De mes oiz [yeux] sunt il evaniz
dans Édouard le conf. v. 3777
Quant jel vi, tant m'en esjoï, Qu'à poi ne m'en esvanoï
dans la Rose, 14966
3
XIVe s.
Celle delettacion est aussi comme evanuie et absorbée, et ne la sent l'en pas
Le pacient s'esvanoïst et est descoulouré
de HENRI DE MONDEVILLE dans f° 59
4
XVe s.
Ne demoura guere que la rougeur s'evanouit, et print assurance
de LOUIS IX dans Nouv. c.
5
XVIe s.
Il se mit sur un lit, où il evanouit plusieurs fois
Advenant le soleil, esvanouissent les tenebres
À ces motz Panurge esvanouyt de la compaignie, et se mussa en bas dedans la soutte
de François RABELAIS dans ib. IV, 66
Appeler à nostre secours un contentement esvanoui, pour l'opposer à ce qui nous presse
de Michel de MONTAIGNE dans II, 217
Comme on void d'un esclair s'esvanouir le trait
de Pierre de RONSARD dans 926

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. esvanuir ; ital. svanire ; de es - préfixe, et le lat. vanescere, disparaître, de vanus, vain (voy. ce mot), avec intercalation de la voyelle u, ou (comme dans épanouir), voyelle dont la nature est douteuse ; on trouve dans du Cange evanuare en un texte du XIIIe siècle. L'ancien français avait aussi envanir : XIIe s.
E me volent vers vus mesler et mal tenir, E l'amur et la pais defaire e envanir
dans Th. le mart. 129
Li sainz s'en va e s'envani
dans Édouard le Conf. v. 3573