Définition de ÉBRANLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : é-bran-lé

DÉFINITIONS

1
Faire branler, mettre en branle, communiquer un mouvement d'oscillation. Ébranler une cloche. Les détonations du canon ébranlaient les airs.
Devant qu'il soit deux ans, Je veux que l'on me voie avec des airs fendants, Dans un char magnifique, allant à la campagne, Ébranler les pavés sous six chevaux d'Espagne
Il loge sa mollesse en un riche palais, Et, derrière un char d'or promenant trois valets, Sous six chevaux pareils ébranle au loin la rue
Faire chanceler. Le torrent ébranle les rochers. Le canon de l'assiégeant avait ébranlé la muraille.
Il ébranla en peu de temps une partie du mur avec les machines
de D'ABLANCOURT dans Arr. liv. I, dans RICHELET
Sur ses antiques fondements, Venait-il ébranler la terre ?
Le sacristain, bouillant de zèle et de courage, Le prend [un Quinault], se cache, approche, et, droit entre les yeux, Frappe du noble écrit l'athlète audacieux ; Mais c'est pour l'ébranler une faible tempête ; Le livre sans vigueur mollit contre sa tête
Communiquer un mouvement.
Sur l'ais qui le soutient auprès d'un Avicenne, Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine
Et d'un bras, à ces mots, qui peut tout ébranler, Lui-même se courbant, s'apprête à le rouler [le lutrin]
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. III
2
Sémantique : Terme de manége. Ébranler son cheval au galop, le faire passer du pas, du trot ou de quelque autre allure, à celle du galop.
3
Mettre en désordre. Le feu d'une batterie formidable ébranla la première ligne de l'ennemi. L'apparition des gendarmes ébranla la foule ameutée.
4
Sémantique : Fig. Faire chanceler. La ligue ébranla le trône des Valois.
Le manque d'héritiers ébranlait sa province
Et ma tête abattue ébranlerait la vôtre
Mais, si tu les soutiens, qui peut les ébranler ?
Des scandales qui peuvent ébranler leur foi
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Resp. hum.
Et si de vos flatteurs la funeste malice Jamais dans votre coeur ébranlait la justice
Au midi, les séditions, l'ignorance et l'indiscipline, tous les genres de corruption qui dégradent un peuple, ébranlaient depuis un siècle l'empire Ottoman
Faire branler, rendre peu ferme, rendre incertain. Il ébranla ma résolution.
La frayeur de la mort ébranle le plus ferme
de THÉOPHILE dans Poésies, dans RICHELET
Jaloux des bons desseins qu'il tâche d'ébranler
Et reconnaissez-vous que tout ce qu'il m'a dit, Par quelque impression ébranle mon esprit ?
Raffermis ma vertu, qu'ébranlent tes soupirs
Et les dons achevant d'ébranler leur devoir
Un amour qu'il peut vouloir troubler, Mais que tout son pouvoir ne pourrait ébranler
Les plus affreux périls ne sauraient m'ébranler
de LAMOTTE dans Inès, IV, 2
Ses menaces n'ont pu ébranler ma fidélité
Modifier les convictions, les sentiments.
Depuis qu'on commence à être ébranlé par la raison
de Blaise PASCAL dans dans COUSIN
Le peuple est ébranlé, ne perdons point de temps
Si vous êtes ébranlés par l'autorité de M. Jurieu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avert. 1
Mais le dessein est pris, rien ne peut m'ébranler
.... De ce soupir, que faut-il que j'augure ? Du sang qui se révolte est-ce quelque murmure ? Croirai-je qu'une nuit a pu vous ébranler ?
Les plus grandes merveilles, Sans ébranler ton coeur, frapperont tes oreilles ?
Thémistocle eut ici besoin de toute son adresse et de toute son éloquence pour ébranler le peuple
Ainsi périt, à l'âge de trente-six ans et demi, Charles XII, roi de Suède, après avoir éprouvé ce que la prospérité a de plus grand et ce que l'adversité a de plus cruel, sans avoir été amolli par l'une ni ébranlé un moment par l'autre
Ébranler la gravité, faire presque rire.
Madame la Dauphine ne put tenir plus longtemps les éclats de rire ; la majesté du roi en pensa être ébranlée
Ébranler la santé, les nerfs, rendre la santé moins solide, les nerfs plus susceptibles.
5
S'ébranler, Nature : v. réfl. Recevoir un mouvement d'oscillation, être mis en branle. Les cloches s'ébranlaient. La porte s'ébranla sous les coups répétés.
Se mettre en mouvement pour se porter en avant. Deux régiments s'ébranlèrent pour charger l'ennemi.
Elle pâlit, s'ébranla pour aller à lui
S'ébranlant tous ensemble, ils couraient de toutes leurs forces contre les barbares
Il fallut qu'un Italien, le colonel Delfanti, s'élançât le premier ; alors les soldats s'ébranlèrent, et la foule suivit
Se mettre en mouvement pour se retirer, s'enfuir. L'infanterie ne put soutenir un feu si vif sans s'ébranler.
Les Suédois consternés s'ébranlèrent, et, le canon ennemi continuant à les écraser, la première ligne se replia sur la seconde, et la seconde s'enfuit
Sémantique : Fig. Il répondit, sans s'ébranler, que la bataille n'était pas encore perdue, puisqu'il n'avait pas encore combattu, Relation des campagnes de Rocroi, dans LEROUX, Dict. comiq.
Et si ce coeur s'ébranle ?
Ne t'ébranle donc point dans les tentations, Ne t'inquiète point de leurs inquiétudes
Le sang à ces objets facile à s'ébranler
Les esprits s'ébranlaient

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Ces paroles esmeurent et esbranlerent la plus part de l'armée de Demetrius
de Jacques AMYOT dans Pyrr. 22
Les hommes d'armes commencerent à se mettre au galop ; le bataillon de gens de pied s'esbranla aussi après eux
de Jacques AMYOT dans Alex. 63
Il est messeant de s'esbranler pour la menace du coup
de Michel de MONTAIGNE dans I, 49

ÉTYMOLOGIE

1
Es- préfixe, et branler.

Synonymes de ÉBRANLER

Termes proches de ÉBRANLER