Définition de ÉBAHIR (S')

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : é-ba-ir ; Palsgrave, XVIe s. p. 19, dit que l'h est aspirée

DÉFINITIONS

1
Rester la bouche ouverte, s'étonner, être surpris. On s'ébahit à la vue d'un événement imprévu ou d'un spectacle agréable.

REMARQUE

1
L'ancien français faisait ébahir actif ; il est fâcheux qu'il ne soit plus que réfléchi.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Mout fu vassaus [brave] qui n'i fust esbaïs
dans Ronc. p. 72
Moult [j'] ai esté longuement esbahis, Qu'onques n'osai chanson à faire emprendre
dans Couci, v
Car sa beautez me fait tant esbahir, Que je ne sai devant li nul langage
dans ib. XI
E cist temples lur iert [sera] en essample, si que tuit icil ki i passeront, forment se esbaïrunt
dans Rois, 268
2
XIIIe s.
Lors s'en est Bel-accueil foïs [fui], Et je remès [restai] tous esbahis, Honteux et mas [abattu]
dans Rose, 2964
[La maison] tremble toute effraée, Tant se sent foible et esbaée, et pourfendue de crevaces En plus de cinq cens mile places
dans ib. 6136
3
XIVe s.
Or est celui qui est fort ou preuz, de tele condicion que il ne s'esbahist pas et est sans paour en la maniere que bon homme peut estre
Et parceque tristece esbahit, l'on pert son jugement
de Nicolas ORESME dans ib. 98
Aiez bon cuer en vous, pour Dieu le fruit de vie ; Car homs qui s'esbahit, il est mors à moitié
dans Guesclin. 18385
Cilz parla hautement si que tuit l'ont oï, Ne fut couars ne nices, ne fist pas l'eboï
dans Girart. de Ross. V. 1389
4
XVe s.
À l'endemain la truie [machine de siége] fut levée au plus près qu'ils purent de Bergerac, qui grandement esbahit ceux de la ville
Et si les esbahyssoit l'yver qui s'approchoit
de Philippe de COMMINES dans IV, 6
5
XVIe s.
Ils s'esbahissoient comment il laissoit ainsi eschapper le poinct de son occasion
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 20

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, esbawi ; provenç. esbair ; ital. sbaire ; de es- préfixe, et le radical baïr, étonner, qui est dans le rouchi bahi, étonnant, dans l'espagnol em-bair, faire illusion, et dans l'italien baire, étonner, et que les étymologistes regardent comme dérivé de bah, exclamation naturelle d'étonnement. Comp. pourtant BAYER, BÉER.